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Com­mu­niqué de la Fédéra­tion anarchiste

Ven­dre­di 13 novem­bre, au fil des événe­ments, l’inquiétude gran­dis­sante a peu à peu lais­sé la place à la con­ster­na­tion la plus pro­fonde et à la colère face au bilan sans cesse plus lourd des atten­tats qui ont eu lieu à Paris : un bain de sang inutile, atroce, nauséabond, rap­pelant les pires exac­tions dont l’humanité sait mal­heureuse­ment se mon­tr­er capable.

Les adhérent.e.s et sympathisant.e.s de la Fédéra­tion anar­chiste sont révolté.e.s con­tre ces actes de la bar­barie. Nous adres­sons toute notre sym­pa­thie aux per­son­nes qui ont subi ces vio­lences, à leurs familles, à leurs ami.e.s, à ceux et celles qui y sont resté.e.s et à celles et ceux qui ont heureuse­ment sauvé leur peau.

Des assas­sins intox­iqués par une idéolo­gie déli­rante ont fait régn­er la ter­reur à Paris comme ils la font régn­er au Moyen-ori­ent et en Afrique. Ils peu­vent se réclamer d’un dieu ou de la souf­france des pop­u­la­tions en Syrie, en Pales­tine ou ailleurs. Ils ne sont que des meur­tri­ers qui ten­tent dérisoire­ment de don­ner une jus­ti­fi­ca­tion à leurs actes. Ils n’en ont aucune.

Nous reje­tons tout autant les ten­ta­tives d’amalgames qui n’ont pas man­qué d’apparaître. L’essentiel de ce que l’on caté­gorise comme des pop­u­la­tions musul­manes, sont des indi­vidus comme les autres : cer­tains pra­ti­quants, d’autres seule­ment croy­ants, d’autres encore athées, tous voulant sim­ple­ment vivre en paix. Nous en avons tous et toutes le droit légitime.

Nous ne cau­tion­nerons pas davan­tage les accents guer­ri­ers que ces exac­tions ont instan­ta­né­ment sus­citées. L’état d’urgence en France, la ten­ta­tion de soutenir Bach­er El-Assad, de redou­bler les bom­barde­ments sur des objec­tifs soi-dis­ant ciblés mais qui font tou­jours plus de vic­times par­mi des pop­u­la­tions civiles pris­es en otage, déplacées, dépecées. La guerre engen­dre tou­jours la guerre.

Nous veillerons enfin à la mesure de nos moyens à ce que les migrant.e.s ne subis­sent pas les con­séquences des exac­tions com­mis­es par ces fous de dieu qu’ils et elles ont fuis en quit­tant leur pays dans des con­di­tions extrêmes. C’est la sol­i­dar­ité sans faille de tous ceux et celles qui subis­sent l’oppression, qui per­met l’émancipation.

Ni dieu, ni maître !

Fédéra­tion Anarchiste

L’université pop­u­laire con­tre l’anarchisme

Cet été, une cama­rade atti­rait l’attention de la rédac­tion sur la tenue d’un cours dis­pen­sé par l’Université Pop­u­laire d’Amiens inti­t­ulé « Le gou­verne­ment con­tre l’Etat ». Appelés sur d’autres fronts de luttes le jour même, ce n’est que grâce à la mise en ligne sur inter­net de cette con­férence que nous avons pu en appréci­er le con­tenu. Une par­tie con­séquente de l’exposé est con­sacrée à l’anarchisme, avec pour volon­té affichée de réha­biliter ce courant poli­tique parce qu’il ques­tionne le principe d’autorité. L’entreprise est dans l’ensemble sym­pa­thique, mais boit le bouil­lon au final. Décryptage…

En for­mat vidéo, le dis­cours de l’intervenant est entre­coupé de pas­sages de doc­u­men­taires, clips, films, etc. étayant la démon­stra­tion. C’est assez drôle, ça allège le pro­pos. Mais ça dérape très vite. Pour soulign­er le fait que l’assimilation de l’anarchie au désor­dre est une con­struc­tion du pou­voir bour­geois, un extrait d’une inter­view d’Etienne Chouard est intro­duit. Certes son inter­ven­tion est intéres­sante, mais c’est faire fi un peu rapi­de­ment de sa com­plai­sance à l’égard de l’extrême-droite. Ou com­ment tir­er une balle dans le pied du voisin qu’on voudrait sauver !

Out­re cette « faute de goût », il est dom­mage de n’avoir pas poussé davan­tage sur le con­cept d’« Etat ». Selon le con­férenci­er, « l’Etat est l’ensemble des insti­tu­tions qui ser­vent à réguler la vie sociale », ce qui lui per­met d’affirmer dans la foulée que l’anarchie est com­pat­i­ble avec l’Etat. Effec­tive­ment, à ce niveau tout n’est ques­tion que de définition…
Quitte à con­vo­quer l’anarchisme pour évo­quer la ques­tion de l’autorité, autant pour­suiv­re vers celles de la légiti­ma­tion et de la légitim­ité. Et quitte à citer quelques auteurs, pourquoi se priv­er d’un poids lourd en la matière ? Par­mi d’autres réflex­ions, celle-ci, de Pierre Bour­dieu, tirée de Sur l’Etat, ouvre bien des pistes : «  Un cer­tain nom­bre d’agents qui ont fait l’État, et se sont faits eux‑mêmes comme agents d’État en faisant l’État, ont dû faire l’État pour se faire déten­teurs d’un pou­voir d’État  » (p. 69, Édi­tions du Seuil, col­lec­tion « Raisons d’agir »)

Mais ce n’est pas cette omis­sion qui inter­pelle le plus. Ce qui plombe vrai­ment la séance c’est para­doxale­ment la mau­vaise com­préhen­sion de l’anarchisme et de son his­toire par l’orateur. D’un côté il proteste sincère­ment con­tre les lois scélérates de 1894 – sans explicite­ment les nom­mer – et d’un autre il dis­crédite le mou­ve­ment anar­chiste en le lim­i­tant, de manière répétée, à une com­posante indi­vid­u­al­iste mal com­prise : le lien qu’il induit avec l’individualisme néolibéral est totale­ment insup­port­able, indi­vid­u­al­isme qui, en l’occurrence, s’articule sur une oppo­si­tion stérile entre indi­vidu et société.
User de tels rac­cour­cis, c’est ignor­er com­plète­ment la richesse et l’histoire col­lec­tive de l’anarchisme. Qu’en est-il des Pell­outi­er, Grif­fu­el­h­es, Pouget, et de la CGT ? Quid de la Makhnovchtchi­na et de l’Espagne de 36 ? De l’IFA, de l’AIT, d’Anarkismo ? En quoi ces pro­jets poli­tiques d’émancipation col­lec­tive passés et présents n’auraient pas été et ne seraient pas assez collectifs ?

C’est bien dommage !
L’université pop­u­laire a aus­si pour rai­son d’être de per­me­t­tre à celles et ceux qui savent mais qui n’ont pas la légitim­ité insti­tu­tion­nelle (d’Etat ?) pour pro­fess­er de se réap­pro­prier la parole et la pos­si­bil­ité de partager leur savoir sans que quelqu’un par­le à leur place. Les anars de tous poils ne man­quent pas à Amiens, qu’ils soient organ­isés ou non. Ça n’aurait pas été bien dif­fi­cile d’en dégot­er quelques spéci­mens pour échang­er avec eux sur les per­spec­tives de luttes col­lec­tives autour d’une bière et de cacahuètes.

Ren­con­tres lib­er­taires, le 06 juin 2015, de 15h00 à 19h00

Pour clô­tur­er la sai­son des ciné-débats, LE POING et le groupe Mar­ius Jacob de la Fédéra­tion anar­chiste organ­isent le same­di 06 juin une après-midi lib­er­taire de 15h00 à 19h00, salle Mau­rice Hon­este. Sur fond d’a­n­ar­chisme, de syn­di­cal­isme et d’au­to­ges­tion, le menu est com­posé d’une con­férence, d’une pro­jec­tion, et d’un débat.

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