Cette année le spec­ta­cle fam­i­li­er des défilés du 1er mai se joue sur fond d’Arcelor­mit­tal, de PSA et, locale­ment, de Goodyear.

Plutôt que de piocher par­mi les thé­ma­tiques habituelles types « rap­ports de hiérar­chie au sein des syn­di­cats », « sur­con­som­ma­tion et obso­les­cence pro­gram­mée », « crise sys­témique du cap­i­tal­isme », il est peut-être temps de revenir à quelques fon­da­men­taux, trop sou­vent refoulés, sur le tra­vail, et les travailleurs.

Dérac­inés, sans économie ni moyen per­son­nel de con­som­ma­tion et dépos­sédés de leurs out­ils de pro­duc­tions, les tra­vailleurs sont libre­ment et con­tractuelle­ment « exploita­bles ». C’est la vente de leur force de tra­vail qui per­met l’en­richisse­ment de la bour­geoisie sans qu’il y ait acte pro­duc­tif de la part de celle-ci. Cet accroisse­ment des richess­es n’est pas le résul­tat d’un vol mais le résul­tat d’un con­trat par­faite­ment réguli­er entre patron et tra­vailleur, encadré par l’État.
La sup­pres­sion du cap­i­tal­isme, struc­ture économique qui détru­it la réal­ité du tra­vail (tra­vail comme affir­ma­tion d’un lien entre les indi­vidus par la pro­duc­tion d’ob­jets utiles pour autrui), passe néces­saire­ment par l’anéantissement de la bour­geoisie et de l’Etat.

L’abo­li­tion du salari­at ne peut être menée que con­join­te­ment à une réflex­ion en pro­fondeur sur la notion de tra­vail, sa fonc­tion, voire son util­ité, et la mise à nu des nom­breux con­tre­sens et con­tra­dic­tions qui lui sont inhérents : sépa­ra­tion fac­tice entre vie privée et vie pro­fes­sion­nelle, divi­sions sociales et sex­uées du tra­vail, etc. et au final, affir­ma­tion impérieuse du tra­vail comme norme, valeur morale ou con­di­tion d’é­panouisse­ment de l’in­di­vidu citoyen.

La réal­i­sa­tion d’une société libre basée sur l’adage « de cha­cun selon ses moyens, à cha­cun selon ses besoins », implique, en pre­mier lieu, la réap­pro­pri­a­tion par les tra­vailleurs des out­ils de pro­duc­tion. Seul le patronat dis­pose actuelle­ment de ces out­ils et des ressources pour leur fab­ri­ca­tion. L’é­man­ci­pa­tion des tra­vailleurs passe donc par l’ex­pro­pri­a­tion sans con­ces­sion des patrons.