jeudi 25 février, à 19h30, 3 rue Jean Godris, à Amiens. Venez nombreuses et nombreux !
jeudi 25 février, à 19h30, 3 rue Jean Godris, à Amiens. Venez nombreuses et nombreux !
Le numéro 63, janvier-février 2016, du Monde Libertaire est dans les kiosques.
Et voilà, l’Etat encore une fois valet du Capital a frappé : huit anciens salariés de Goodyear ont été condamnés à 24 mois de prison dont neuf fermes pour de soit-disant violences. En fait ils ont eu le culot suprême de retenir dans l’usine deux cadres de la direction Goodyear Amiens Nord, pas de violences, pas de maltraitances, et « libération » des deux après 30 heures. Eux qui voulaient imposer les 4×8, ils ont eu un avant-goût des cadences infernales…
En fin de conflit, un accord est signé avec la direction et toutes les plaintes sont retirées. Mais voilà qui ne convient pas à nos chers politicards, et particulièrement au trio de comiques : Hollande, Valls, Macron. Alors on enfonce le clou et le procureur général valet du parquet se déchaîne. Ils n’en ont pas assez de l’état d’urgence, ils s’attaquent maintenant aux travailleurs les plus combatifs, aux militants syndicaux, à la lutte sociale, à tous ceux qui se battent pour l’émancipation, la justice, le bien-être, la liberté.
Les premières rencontres libertaires amiénoises du XXIème siècle ont eu lieu le samedi 06 juin. Il faisait beau. C’était convivial et très instructif. Nous le devons à l’intervention de camarades parisiens de la Fédération anarchiste qui ont partagé avec l’assemblée leurs expériences et réflexions. Nous les en remercions encore chaleureusement.
Lors de l’exposé, il a été notamment question de l’adhésion de la F.A. à la Sexta, et donc du Chiapas. La Sexta est la sixième déclaration de la forêt Lacandone. Elle s’inscrit dans le long processus d’émancipation collective chiapanèque rendu visible par l’insurrection des indigènes, le 1er janvier 1994 au Mexique.
Pour saisir ce qui se joue depuis plus de trente ans au Chiapas, en tant que lieu de résistance civile et pacifique au modèle néo-libéral et comme espace de création d’alternatives concrètes, le livre de Guillaume Goutte, Tout pour tous ! L’expérience zapatiste, une alternative concrète au capitalisme, est un très bon outil.
Cet ouvrage synthétique explique comment le mouvement zapatiste s’inscrit dans une histoire vieille de cinq cents ans, celle de la résistance des peuples indiens aux oppressions, depuis la colonisation des Amériques jusqu’au capitalisme contemporain. Le récit de la constitution de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) vient ensuite, ainsi que celui du dépassement critique du marxisme-léninisme et du guevarisme qu’elle a effectué au contact des populations locales. Deux chapitres sont enfin consacrés à l’organisation de la vie civile, aux réalisations collectives en termes d’éducation, de santé, et d’économie, et à l’inscription de ces actions dans un réseau international. Les contradictions apparentes (quel rôle peut jouer une armée, fût-elle zapatiste, dans la construction d’une société réellement démocratique ?), les difficultés d’un tel projet, et les réflexions menées sur la pertinence de le penser comme un modèle reproductible sont traitées sans fard.
Et c’est prophylactique. Car à l’heure des sérénades podemiques et post-syrizesques, il est grand temps de ramer à contre-courant des rivières de l’oubli médiatique, celles de l’information immédiate, de la mode et du présent permanent qui oblitèrent la détermination, la persistance, l’étendue, et le succès des réelles alternatives en actes. Loin des clôtures électoralistes, notre réappropriation de l’activité politique requiert une redéfinition collective des frontières du pensable pour progresser sur les chemins de l’émancipation commune, accompagnés, en pensée, de Don Durito de la forêt Lacandone(1). Ya Basta !
References
↑1 | Don Durito, scarabé chiapanèque fumeur de pipe, est un compagnon du sous-commandant Marcos. Il voyage, sur sa tortue nommée Pégase, afin d’affiner ses réflexions politiques dont on peut trouver quelques morceaux choisis dans le recueil éponyme Don Durito de la forêt Lacandone aux Editions de la Mauvaise Graine. |
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Le numéro 6 du POING, apériodique libertaire d’Amiens et d’ailleurs, est enfin disponible, ici en pdf, et en papier sur demande.
Vendredi 13 novembre, au fil des événements, l’inquiétude grandissante a peu à peu laissé la place à la consternation la plus profonde et à la colère face au bilan sans cesse plus lourd des attentats qui ont eu lieu à Paris : un bain de sang inutile, atroce, nauséabond, rappelant les pires exactions dont l’humanité sait malheureusement se montrer capable.
Les adhérent.e.s et sympathisant.e.s de la Fédération anarchiste sont révolté.e.s contre ces actes de la barbarie. Nous adressons toute notre sympathie aux personnes qui ont subi ces violences, à leurs familles, à leurs ami.e.s, à ceux et celles qui y sont resté.e.s et à celles et ceux qui ont heureusement sauvé leur peau.
Des assassins intoxiqués par une idéologie délirante ont fait régner la terreur à Paris comme ils la font régner au Moyen-orient et en Afrique. Ils peuvent se réclamer d’un dieu ou de la souffrance des populations en Syrie, en Palestine ou ailleurs. Ils ne sont que des meurtriers qui tentent dérisoirement de donner une justification à leurs actes. Ils n’en ont aucune.
Nous rejetons tout autant les tentatives d’amalgames qui n’ont pas manqué d’apparaître. L’essentiel de ce que l’on catégorise comme des populations musulmanes, sont des individus comme les autres : certains pratiquants, d’autres seulement croyants, d’autres encore athées, tous voulant simplement vivre en paix. Nous en avons tous et toutes le droit légitime.
Nous ne cautionnerons pas davantage les accents guerriers que ces exactions ont instantanément suscitées. L’état d’urgence en France, la tentation de soutenir Bacher El-Assad, de redoubler les bombardements sur des objectifs soi-disant ciblés mais qui font toujours plus de victimes parmi des populations civiles prises en otage, déplacées, dépecées. La guerre engendre toujours la guerre.
Nous veillerons enfin à la mesure de nos moyens à ce que les migrant.e.s ne subissent pas les conséquences des exactions commises par ces fous de dieu qu’ils et elles ont fuis en quittant leur pays dans des conditions extrêmes. C’est la solidarité sans faille de tous ceux et celles qui subissent l’oppression, qui permet l’émancipation.
Ni dieu, ni maître !
Fédération Anarchiste
Cet été, une camarade attirait l’attention de la rédaction sur la tenue d’un cours dispensé par l’Université Populaire d’Amiens intitulé « Le gouvernement contre l’Etat ». Appelés sur d’autres fronts de luttes le jour même, ce n’est que grâce à la mise en ligne sur internet de cette conférence que nous avons pu en apprécier le contenu. Une partie conséquente de l’exposé est consacrée à l’anarchisme, avec pour volonté affichée de réhabiliter ce courant politique parce qu’il questionne le principe d’autorité. L’entreprise est dans l’ensemble sympathique, mais boit le bouillon au final. Décryptage…
En format vidéo, le discours de l’intervenant est entrecoupé de passages de documentaires, clips, films, etc. étayant la démonstration. C’est assez drôle, ça allège le propos. Mais ça dérape très vite. Pour souligner le fait que l’assimilation de l’anarchie au désordre est une construction du pouvoir bourgeois, un extrait d’une interview d’Etienne Chouard est introduit. Certes son intervention est intéressante, mais c’est faire fi un peu rapidement de sa complaisance à l’égard de l’extrême-droite. Ou comment tirer une balle dans le pied du voisin qu’on voudrait sauver !
Outre cette « faute de goût », il est dommage de n’avoir pas poussé davantage sur le concept d’« Etat ». Selon le conférencier, « l’Etat est l’ensemble des institutions qui servent à réguler la vie sociale », ce qui lui permet d’affirmer dans la foulée que l’anarchie est compatible avec l’Etat. Effectivement, à ce niveau tout n’est question que de définition…
Quitte à convoquer l’anarchisme pour évoquer la question de l’autorité, autant poursuivre vers celles de la légitimation et de la légitimité. Et quitte à citer quelques auteurs, pourquoi se priver d’un poids lourd en la matière ? Parmi d’autres réflexions, celle-ci, de Pierre Bourdieu, tirée de Sur l’Etat, ouvre bien des pistes : « Un certain nombre d’agents qui ont fait l’État, et se sont faits eux‑mêmes comme agents d’État en faisant l’État, ont dû faire l’État pour se faire détenteurs d’un pouvoir d’État » (p. 69, Éditions du Seuil, collection « Raisons d’agir »)
Mais ce n’est pas cette omission qui interpelle le plus. Ce qui plombe vraiment la séance c’est paradoxalement la mauvaise compréhension de l’anarchisme et de son histoire par l’orateur. D’un côté il proteste sincèrement contre les lois scélérates de 1894 – sans explicitement les nommer – et d’un autre il discrédite le mouvement anarchiste en le limitant, de manière répétée, à une composante individualiste mal comprise : le lien qu’il induit avec l’individualisme néolibéral est totalement insupportable, individualisme qui, en l’occurrence, s’articule sur une opposition stérile entre individu et société.
User de tels raccourcis, c’est ignorer complètement la richesse et l’histoire collective de l’anarchisme. Qu’en est-il des Pelloutier, Griffuelhes, Pouget, et de la CGT ? Quid de la Makhnovchtchina et de l’Espagne de 36 ? De l’IFA, de l’AIT, d’Anarkismo ? En quoi ces projets politiques d’émancipation collective passés et présents n’auraient pas été et ne seraient pas assez collectifs ?
C’est bien dommage !
L’université populaire a aussi pour raison d’être de permettre à celles et ceux qui savent mais qui n’ont pas la légitimité institutionnelle (d’Etat ?) pour professer de se réapproprier la parole et la possibilité de partager leur savoir sans que quelqu’un parle à leur place. Les anars de tous poils ne manquent pas à Amiens, qu’ils soient organisés ou non. Ça n’aurait pas été bien difficile d’en dégoter quelques spécimens pour échanger avec eux sur les perspectives de luttes collectives autour d’une bière et de cacahuètes.
Des concerts de soutien à la lutte des intermittents et des précaires auront lieu dimanche 20 septembre, square René Gobelet, de 15h à 19h. Venez nombreuses et nombreux !
Toutes et tous à Amiens pour demander la relaxe des neuf de la Conf’ !!
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Thème original d' Anders Noren - modifié par J.-B. Barilla