Au début de l’été 2013 s’est con­sti­tué à Amiens un col­lec­tif de vig­i­lance anti-fas­ciste, auquel par­ticipe le groupe Alexan­dre Mar­ius Jacob.
Il n’est pas rare d’en­ten­dre des mil­i­tants d’ex­trême-gauche et des lib­er­taires affirmer que la lutte con­tre les fas­cismes est annexe, voire qu’elle cor­re­spond à un phénomène de mode quand elle n’est pas pure­ment et sim­ple­ment un « diver­tisse­ment pour petits bour­geois en mal d’aventures ».
Il ne s’ag­it pas ici de don­ner une déf­i­ni­tion du fas­cisme — les théories sur le sujet sont nom­breuses -, ni d’en énumér­er les vari­antes, mais de rap­pel­er quelques points.

Le développe­ment des par­tis et grou­pus­cules fas­cisants ou fas­cistes, est intime­ment lié aux fail­lites cycliques du cap­i­tal­isme. D’une ban­quer­oute struc­turelle à une offen­sive con­tre les tra­vailleurs, il n’y a qu’un pas que les class­es dirigeantes fran­chissent allè­gre­ment pour « relancer l’é­conomie ». La mis­ère gagne, cer­tains ter­ri­toires sont ruinés et les quelques ser­vices publics qui y assur­aient un sem­blant de cohé­sion se réduisent dras­tique­ment. Plutôt que de se retourn­er con­tre les vrais respon­s­ables (élites économiques et poli­tiques), la colère engen­drée par la souf­france et l’im­puis­sance est détournée et trans­for­mée en racisme, en sex­isme, en homo­pho­bie : la créa­tion d’un ou de plusieurs enne­mis intérieurs (islamistes, roms, homo­sex­uels) est une manip­u­la­tion grossière mais efficace.

Le redé­ploiement de ces idées est très large­ment favorisé par les gou­verne­ments qui se suc­cè­dent. D’une part c’est une don­née qui compte dans les straté­gies élec­torales à court terme. D’autre part la con­sti­tu­tion de ces par­tis et grou­pus­cules assurent aux class­es dom­i­nantes un bras armé à bas prix con­tre les courants de pen­sées qui souhait­ent abolir toutes formes de dom­i­na­tion — cap­i­tal­isme com­pris. Les mou­vances d’ex­trême-droite ont en par­tie comme fonc­tion de s’op­pos­er manu mil­i­tari aux mou­ve­ments ouvri­ers révo­lu­tion­naires. La destruc­tion sys­té­ma­tique des acquis soci­aux impliquent donc néces­saire­ment de la part des dirigeants une posi­tion qui oscille entre tolérance, bien­veil­lance, et sou­tien à l’é­gard des fas­cismes, pour se protéger.

Et ça prend : la dépoli­ti­sa­tion orchestrée par les médias de mass­es per­met l’in­stil­la­tion des con­cepts les plus réac­tion­naires. En ter­mes de pro­pa­gande, un raison­nement car­i­cat­ur­al, fan­tas­magorique et fondé sur des peurs est aisé­ment assim­i­l­able : le sim­plisme des pen­sées d’ex­trême-droite est para­doxale­ment la plus grande force de ces courants. En soi inca­pables de pro­duire une réflex­ion nova­trice ou orig­i­nale, ils n’en demeurent pas moins de très bons faus­saires intel­lectuels et de red­outa­bles communicants.

Il est impens­able, sous cou­vert de tâch­es plus urgentes ou plus nobles, par paresse intel­lectuelle ou par lâcheté de laiss­er se propager ces thès­es haineuses. Aus­si, dans l’op­tique de la réal­i­sa­tion d’une société débar­rassée de toutes hiérar­chies, la lutte con­tin­ue : ils ne passeront pas !