Au print­emps dernier, à Amiens comme ailleurs, jeunes et moins jeunes se sont réveil­lés au son d’une loi Tra­vail injuste et régres­sive. Cam­pus investis en lieu de vie et de débats, man­i­fes­ta­tions fes­tives, nuits debouts sous la pluie. Les amiénois s’organisaient, pen­dant que la colère deve­nait générale.
Mais plus la prise de con­science mon­tait plus les flics suréquipés se mon­traient. Plus nous com­pre­nions que cette loi met­tait en péril toutes les luttes sociales, plus l’intimidation pro­gres­sait. Vous et moi, étions ce vent de con­tes­ta­tions et, vis­i­ble­ment, nous leur avons fait peur.
Pre­mières con­vo­ca­tions aux com­mis­sari­ats : on inter­roge, on cherche la déla­tion. Pre­mières garde-à-vues, c’est l’at­tente devant le com­mis­sari­at pour voir sor­tir nos cama­rades, 12h… 24h … 36h… L’Etat d’Urgence jus­ti­fie la dérai­son. Et comme toute mécanique bien huilée, la pre­mière attaque directe con­tre mou­ve­ment social sème la divi­sion par­mi les man­i­fes­tants. Il nous faut alors réa­gir rapi­de­ment, subir le con­tre­coup. Com­ment tenir devant les con­damna­tions qui pleu­vent ? Les mil­i­tants les plus isolés sont touchés : ils sont sans emploi, sans par­ti, sans syn­di­cat. Sur­sis, prison ferme, amendes… Une quin­zaine de per­son­nes voit leurs avenirs, leurs pro­jets s’effondrer.
Pen­dant ce temps, la Mairie d’Amiens soigne son image : belles rues, belles déco­ra­tions de Noël, invi­ta­tion à accepter un tra­vail pré­caire chez Ama­zon. Mais surtout, elle réclame des dizaines de mil­liers d’euros à des man­i­fes­tants et fait pay­er le droit de se réu­nir aux associations.

Aujourd’hui, à Amiens comme ailleurs, vous et moi sommes pour­chas­sés, assom­més, réduits au silence. Alors que les médias poussent à l’ou­bli, la répres­sion con­tin­ue. Pour une par­tic­i­pa­tion à une man­i­fes­ta­tion à Paris en mai 2016, un cama­rade arrêté et jugé (coupable, pas besoin de le pré­cis­er) attend de savoir à la fin de ce mois de jan­vi­er quelle pri­va­tion de lib­erté, il devra subir. Six mois avec un bracelet sont req­uis par le pro­cureur. Enchain­er un homme, le garder à l’œil, voilà le seul courage de l’Etat.
Les social­istes ont don­né les bases du prochain gou­verne­ment. Encour­ager la coerci­tion et (re)mettre SES citoyens, dans SES cas­es : tra­vailler et se taire. Surtout se taire. Com­ment oser con­tester, juste s’exprimer, quand pour une sim­ple manif., cha­cun risque la prison ? L’enfermement c’est nier qu’on est humain, nier qu’on est égaux.
Le gou­verne­ment s’op­pose au peu­ple, à vous et moi de réagir.

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