Les mil­i­tants et mil­i­tantes du groupe Georges Morel de la Fédéra­tion anar­chiste n’ont pris con­nais­sance que très récem­ment d’une par­tie des cri­tiques émis­es à son encon­tre à cause de sa par­tic­i­pa­tion au rassem­ble­ment con­tre l’islamophobie et pour l’égalité du 9 novem­bre 2019. Cer­taines cri­tiques ont été pub­liées, anonymement, en com­men­taires d’un com­mu­niqué fédéral au sujet de l’assassinat de Samuel Paty, paru sur le site inter­net du groupe Ici et main­tenant de la Fédéra­tion anar­chiste (http://ici-et-maintenant.group/index.php?article32). D’autres cri­tiques ont été dif­fusées par tract (CNT-AIT d’Amiens) ou adressées directe­ment au Secré­tari­at extérieur de la FA (CNT-AIT de Toulouse).

Les argu­ments dévelop­pés dans ces dif­férents textes ne sont pas exacte­ment iden­tiques, mais la teneur est la même. Notre réponse sera donc générale.

Con­cer­nant le cour­ri­er adressé au Secré­tari­at extérieur de la FA, nous pré­cisons que les Principes de base de la Fédéra­tion anar­chiste assure l’autonomie des groupes locaux. Dans la mesure où notre action locale s’est faite au nom du groupe local de la FA (le groupe Georges Morel) sans que cela ne con­tre­vi­enne aux principes fédéraux préc­ités, il eut été tout à fait logique de sol­liciter directe­ment les mil­i­tants de ce groupe, son con­tact n’étant pas bien dif­fi­cile à trou­ver. Peut-être que la CNT-AIT de Toulouse incar­ne à elle seule la CNT-AIT française et que pour des raisons de respect du pro­to­cole, elle s’imaginait ne pas pou­voir s’adresser à un sim­ple groupe local.

Ceci étant dit, le rassem­ble­ment con­tre l’islamophobie et pour l’égalité du 9 novem­bre 2019 était une réponse directe à l’agression ver­bale d’une femme voilée par un respon­s­able du Rassem­ble­ment nation­al lors de la séance du con­seil région­al du 11 octo­bre 2019 et à l’attaque de la mosquée de Bay­onne par un ancien can­di­dat du Front nation­al sur­v­enue le 28 octo­bre 2019 et qui avait causé deux blessés graves.
Clar­i­fions d’emblée : con­traire­ment à ce que lais­sent enten­dre cer­taines cri­tiques mal infor­mées, il n’y a eu, lors de ce rassem­ble­ment à Amiens, aucun salafiste, ni aucun anar­chiste procla­mant la grandeur de Dieu.

Nous remar­quons dans cha­cune des dia­tribes la même omis­sion du con­texte (agres­sions racistes du 11 et du 28 octo­bre 2019). Cela per­met notam­ment aux auteurs des com­men­taires du com­mu­niqué fédéral sur l’assassinat de Samuel Paty de réduire la séquence de la manière suiv­ante : un appel à se rassem­bler con­tre l’islamophobie est lancé nationale­ment, des groupes iden­ti­fiés comme musul­mans inté­gristes y par­ticipent à Paris, le groupe Georges Morel de la Fédéra­tion anar­chiste y par­ticipe locale­ment (à Amiens donc) et un an après Abdoul­lakh Anzorov assas­sine Samuel Paty au nom de Mahomet : rétro­spec­tive­ment (et implicite­ment) le groupe Georges Morel aurait com­mis, a min­i­ma, une grave erreur poli­tique en reni­ant ses principes anti-reli­gion. Tout est dans l’art de décon­tex­tu­alis­er et de pro­duire un raison­nement fal­lac­i­eux fondé sur une inter­pré­ta­tion illu­soire de liens entre des événe­ments. Et aus­si dans la volon­té de ne surtout pas faire preuve de nuance, bien à l’abri der­rière son clavier.

Par ailleurs, le fait de traiter de manière manichéenne et car­i­cat­u­rale un cer­tain nom­bre de prob­lé­ma­tiques actuelles (par exem­ple : qui trou­ve per­ti­nent d’utiliser le terme islam­o­pho­bie serait islamo-gauchiste – et peut-être un big­ot – et qui s’y refuse serait raciste) per­met de jeter des anathèmes à peu de frais en s’érigeant en déten­teur de la vérité unique pure et absolue, d’une belle hau­teur sur­plom­bante bien sou­vent en pro­fond décalage avec le réel.
Ain­si, pen­dant que les mou­ve­ments poli­tiques héri­tiers des tra­di­tions de lutte de classe s’autodétruisent à coup d’excommunications, les réac­tion­naires de tout poil et le patronat se frot­tent les mains.