Ver­sion mod­i­fiée lors du 68e Con­grès de la Fédéra­tion anar­chiste réu­ni les 11, 12 et 13 juin 2011 à Corbigny

Préam­bules

Nous, anar­chistes, réu­nis à la Fédéra­tion anar­chiste, sommes con­scients de la néces­sité de l’organisation spé­ci­fique. Nous propa­geons nos idées et voulons réalis­er une révo­lu­tion rad­i­cale et glob­ale, à la fois économique et sociale, afin que soient détru­ites les sociétés fondées sur la pro­priété privée ou éta­tique des moyens de pro­duc­tion et de la dis­tri­b­u­tion, toutes les exploita­tions, l’ignorance et la mis­ère, ain­si que les rap­ports d’autorité.

Nos objec­tifs

Les anar­chistes lut­tent pour une société libre, sans classe ni État, ayant comme buts premiers :

L’égalité sociale, économique de tous les individus.

La pos­ses­sion col­lec­tive ou indi­vidu­elle des moyens de pro­duc­tion et de dis­tri­b­u­tion, exclu­ant toute pos­si­bil­ité pour cer­tains de vivre en exploitant le tra­vail des autres.

L’égalité dès la nais­sance des moyens de développe­ment, c’est-à-dire d’éducation et d’instruction dans tous les domaines de la sci­ence, de l’industrie et des arts. L’organisation sociale sur les bases de la libre fédéra­tion des pro­duc­teurs et des con­som­ma­teurs, faite et mod­i­fi­able selon la volon­té de leurs composants.

La libre union des indi­vidus selon leurs con­ve­nances et leurs affinités.

Le droit absolu pour tout indi­vidu d’exprimer ses opinions.

L’abolition du salari­at, de toutes les insti­tu­tions éta­tiques et formes d’oppression qui per­me­t­tent et main­ti­en­nent l’exploitation de l’Homme par l’Homme, ce qui implique la lutte con­tre le sex­isme et les dom­i­na­tions de genre, con­tre le patri­o­tisme et le racisme, con­tre les reli­gions et les mys­ti­cismes même s’ils se cachent sous le man­teau de la sci­ence, et pour la frater­ni­sa­tion de tous les groupes humains et l’abolition des frontières.

C’est la société entière que nous voulons recon­stru­ire sur une base de respect et d’entraide, non pour un indi­vidu, une classe ou un par­ti, mais pour tous les indi­vidus ; la ques­tion sociale ne pou­vant être résolue défini­tive­ment et réelle­ment qu’à l’échelle mondiale.

Notre rôle

L’anarchisme est un objec­tif de société glob­ale, un idéal, mais aus­si les moyens pour y par­venir, ceux-ci étant basés sur les mêmes principes organ­i­sa­tion­nels et éthiques : fédéral­isme et entraide. En tant qu’individus con­scients de leur exploita­tion, les anar­chistes enten­dent lut­ter avec tous les exploités con­tre tous les gou­verne­ments, recon­nais­sant ain­si l’existence de la lutte des class­es dont la final­ité doit être l’instauration d’une société anarchiste.

Nous devons faire en sorte que les class­es sociales exploitées accè­dent à la capac­ité poli­tique néces­saire à leur éman­ci­pa­tion. Ce sont les class­es exploitées qui réalis­eront la société anar­chiste, car les exploiteurs ne se lais­seront jamais dépos­séder et emploieront toutes leurs forces, même bru­tales, con­tre l’émancipation des travailleurs.

La seule pro­pa­gande des idées étant insuff­isante, la par­tic­i­pa­tion aux luttes con­tin­uelles reven­dica­tives et éman­ci­patri­ces s’avère néces­saire pour que les indi­vidus veuil­lent tou­jours plus et mieux, jusqu’à attein­dre une sit­u­a­tion de rup­ture qui per­me­t­tra leur éman­ci­pa­tion totale.

Nous devons inciter les tra­vailleurs et l’ensemble des exploités à com­bat­tre les médi­a­tions qui vont à l’encontre de leurs intérêts de classe, et à opter pour l’action directe (c’est-à-dire pour des actions décidées et menées sans inter­mé­di­aire), et sa coor­di­na­tion sur le mode fédéraliste.

Enne­mis de tout despo­tisme, les anar­chistes repoussent toutes les théories autori­taires dont celles inspirées du marx­isme, du cléri­cal­isme, du monar­chisme, du fas­cisme, du libéral­isme bour­geois et de tout autre.

La révo­lu­tion est néces­saire­ment con­sti­tuée de phas­es destruc­tri­ces des insti­tu­tions d’oppression et de phas­es con­struc­tives de la société nou­velle. Cette société, nous voulons qu’elle soit gérée par tous et qu’elle s’instaure dès le début sur la base de struc­tures anarchistes.

C’est pourquoi la Fédéra­tion anar­chiste se doit être un out­il adap­té pour la révo­lu­tion, jusqu’à la con­créti­sa­tion des objec­tifs précédem­ment définis.

Engage­ment militant

La Fédéra­tion anar­chiste est une organ­i­sa­tion regroupant des mil­i­tants con­scients idéologique­ment et pra­tique­ment, ayant con­nais­sance des dif­férents aspects de l’anarchisme et de la Fédéra­tion anar­chiste. Elle est organ­isée sur le principe du libre fédéral­isme con­ser­vant aux groupes et indi­vidus qui la com­posent leur autonomie dans le cadre des Principes de Base. C’est à tous les mil­i­tants qu’il appar­tient de la faire pro­gress­er, car elle ne recon­naît pas en son sein la divi­sion dirigeant/exécutant.

La par­tic­i­pa­tion effec­tive des mil­i­tants aux œuvres col­lec­tives de l’organisation est un principe d’éthique et de sol­i­dar­ité qui ne nuit pas pour autant au principe de liberté.

Le fédéral­isme de la Fédéra­tion anar­chiste per­met le plu­ral­isme des idées et actions com­pat­i­bles avec ses principes.

Tout ce qui précède ne peut évidem­ment indi­quer que les grandes lignes des buts pour­suiv­is par les anar­chistes. Il sera néces­saire, pour les appro­fondir, de pren­dre con­nais­sance des écrits anar­chistes et de suiv­re les travaux des groupes.

L’action de la Fédéra­tion anarchiste

L’action de la Fédéra­tion anar­chiste est basée avant tout sur la défense des exploités et sur leurs reven­di­ca­tions révo­lu­tion­naires ; mais sans que soit per­du de vue le fait que ce sont à la fois les class­es et les posi­tions d’esprit qui s’opposent à l’anarchie.

Cette action est menée sur tous les plans de l’activité humaine, selon les vues et les moyens de chaque tendance.

Pour cette rai­son, la Fédéra­tion anar­chiste reconnaît :

La pos­si­bil­ité et la néces­sité de l’existence de toutes les ten­dances lib­er­taires au sein de l’organisation.

L’autonomie de chaque groupe.

La respon­s­abil­ité per­son­nelle et non collective.

L’organe du mou­ve­ment, le Monde Lib­er­taire, ne peut être l’organe d’une seule ten­dance ; celles-ci ont donc toute pos­si­bil­ité d’éditer des organes par­ti­c­uliers, avec l’assurance que l’organe du mou­ve­ment leur accordera toute pub­lic­ité, ain­si d’ailleurs qu’à toute activ­ité s’exerçant dans le cadre de la cul­ture, de la recherche, de l’action ou de la pro­pa­gande anarchiste.

Des rela­tions cor­diales, com­préhen­sives, avec les mou­ve­ments allant dans le sens anar­chiste sur un point particulier.

La révo­ca­bil­ité des secré­taires et mandatés.

Enfin, lorsqu’une ten­dance engage une action, dès que cette action n’est pas con­traire aux idées de base de l’anarchisme, les autres ten­dances, si elles ne sont pas d’accord pour par­ticiper à cette action, obser­vent à son égard une absten­tion ami­cale. La cri­tique de cette action demeure libre après l’événement.

Les groupes ont la fac­ulté de se don­ner l’orientation de leur choix : anar­cho-syn­di­cal­isme, com­mu­niste-anar­chiste, néo-malthusi­enne, anarcho-pacifiste…

Ils ont naturelle­ment la pos­si­bil­ité de cumuler toutes ces ten­dances ou de ne se déclar­er d’aucune.

Des régions peu­vent être for­mées et ne peu­vent être que sur l’initiative des groupes la com­posant, le Comité des Rela­tions ne pou­vant apporter que des sug­ges­tions dans ce domaine.